A
genoux, fesses sur les talons. Le regard qui se perd au sein du
tourbillon. Happée par la spirale, des rouges et des roses, des bleus et
des marrons, des verts et des gris. Hypnotisée par le roulement rythmé
du tambour.
Haute comme trois pommes.
Elle, moi.
Moi, elle.
Elle ...
Moi ...
H-35
Ans.
Catapultée 35 ans en arrière.
Par cette image d'elle.
Reproduction de moi.
Et soudain m'envahissent les sensations d'antan.
L'odeur de cette maison familière à jamais.
La masse de mon grand-père, assis à la cuisine, équeute les haricots.
Comme une transparence, un fantôme passé. Je retrouve son regard au fond
de ma mémoire, l'éclat de sa chevalière, le cuir du porte feuille. Je
le revois, penché, fesses sur son tabouret, à assembler patient,
ressorts et mouvements, engrenages minuscules, balanciers et aiguilles.
Travail de précision, minutieux et subtil.
La voix de ma grand-mère qui propose à gouter de ce gâteau aux noix et
aux zestes d'orange, à peine sorti du four, tout juste démoulé. Que de
moments passés occupées à jouer, de regards échangés et de complicité.
Conversations ouatées. Les jonquilles de mai cueillies dans la forêt.
Framboises et groseilles au jardin récoltées. Et l'histoire du soir, les
câlins du matin.
Voilà, j'ai voyagé dans les brumes du passé.
Par ma fille inconsciente que ses gestes innocents peuvent en un éclair me porter en arrière.
vous êtes prolifique mademoiselle l'épuiseuse, c'est très bien.
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