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Espace intérieur


lundi 24 décembre 2012

Faille temporelle

A genoux, fesses sur les talons. Le regard qui se perd au sein du tourbillon. Happée par la spirale, des rouges et des roses, des bleus et des marrons, des verts et des gris. Hypnotisée par le roulement rythmé du tambour.

Haute comme trois pommes.
Elle, moi.
Moi, elle.
Elle ...
Moi ...

 
H-35


Ans.


Catapultée 35 ans en arrière.

Par cette image d'elle.
Reproduction de moi.


Et soudain m'envahissent les sensations d'antan.
L'odeur de cette maison familière à jamais.


La masse de mon grand-père, assis à la cuisine, équeute les haricots. Comme une transparence, un fantôme passé. Je retrouve son regard au fond de ma mémoire, l'éclat de sa chevalière, le cuir du porte feuille. Je le revois, penché, fesses sur son tabouret, à assembler patient, ressorts et mouvements, engrenages minuscules, balanciers et aiguilles. Travail de précision, minutieux et subtil.


La voix de ma grand-mère qui propose à gouter de ce gâteau aux noix et aux zestes d'orange, à peine sorti du four, tout juste démoulé. Que de moments passés occupées à jouer, de regards échangés et de complicité. Conversations ouatées. Les jonquilles de mai cueillies dans la forêt. Framboises et groseilles au jardin récoltées. Et l'histoire du soir, les câlins du matin.


Voilà, j'ai voyagé dans les brumes du passé.
Par ma fille inconsciente que ses gestes innocents peuvent en un éclair me porter en arrière.



vendredi 14 décembre 2012

Les mots solides

   (Sur le bout de la langue)




Sa bouche sur ma peau
Qui égrène les mots


Là contre mon oreille
La nacre s'émerveille

Là sur mon ventre blanc
Le creuse comme le vent

Sur le creux de mes reins
Le mot se fait taquin

Sur le haut de la cuisse
Des frissons qui frémissent

Ici le long du pied
Et soudain s'esclaffer

Ici au creux de la main
Les lignes de demain

Ses lèvres sur ma peau
Ont imprimé les mots


vendredi 30 novembre 2012

Circonvolution


Je voudrais tant savoir

Au détour d'un mot
Apporter le repos

Et détourner les maux
Au profit d'un sourire
D'un visage qui s'éclaire
Voir le front qui se lisse
Quand les soucis se glissent
Loin du flux délétère
Que se libère le rire

Aux saccades des sanglots

Apporter le repos
Au détour d'un mot

Je voudrais tant savoir




lundi 19 novembre 2012

Destin ....



                                                                                   Mise en condition ...


Changement de stratégie
Je la guette, je l'épie

J'ai apaisé mon âme
Et vidé mon esprit

J'ai installé le calme
J'ai aiguisé mes armes

Posément, je l'attends
Peu importe le temps

Le piège est infaillible
Ma présence invisible

C'est au coeur de la transe
Que commence la danse

Alors en un éclair
Le rythme s'accelère

La porte se rabat
Oh, tu ne fuiras pas

Je savoure la victoire
Tu crie ton désespoir

Commence le sacrifice
Sans autres artifices

J'ai été sans pitié
Tu étais pétrifiée

Dame Louise
Dans sa robe grise
Etait si exquise ...





mardi 9 octobre 2012

Dessus-dessous



Sans dessus-dessous
Les membres en désordres
S’entassent partout
Sueurs au cou
Et linges à tordre

Sang dessus-dessous
Fines lignes bleues, sous
La peau translucide
Grains de beauté fous
Eruption, suicide

Cent dessus-dessous
Compte Dagobert
Dentelles et frou-frous
Indécents dessous
Satisfait pervers

Sens dessus-dessous
Les lèvres carmines
Naturel jaloux
Sur matériau doux
Haletantes cheminent

Sans dessus-dessous
L’envers du décor
Chamboulé et flou
Dissimule surtout
Somptueux accords

vendredi 21 septembre 2012

Ravalement de façade ...


Solide
Charpentée
Costaude
Lisse
Froide
Sévère
Austère
Rude
Âpre
Dure


De quoi parle t-on?

Une armoire normande?
Une berline allemande?
Un bunker sur une plage Flamande?

Ou n'est-ce que l'illusion des façades?

Existe t il une montagne sans failles?
Un glacier sans crevasses?
Une guerre sans blessures?



.... Un mur sans fissures
Une amphore sans brèches
....

mardi 18 septembre 2012

Shhhhhh .....


Everything was so quiet this morning, that I thaught she was gone.


Le silence profond.
L'atmosphère comme immobile.



Je m'étais habituée à sa présence discrète, timide, craintive.
A ses yeux noirs et brillants qui reflétait cette perpétuelle inquiétude.
A ses manières furtives et précipitées signe de sa méfiance.
A ses apparitions silencieuses qui me faisait sursauter et rater un battement a mon cœur.
A sa robe grise et douce.
 


Mais je m'étais mystifiée.
Elle avait résisté à l'attrait du piège que j'avais si patiemment dressé...
































mardi 31 juillet 2012

Variance




Pieds nus au bord de la falaise je regarde au loin. Je sens sans les voir mes orteils crispés moulant l’encoignure de ce précipice. La pierre est chaude sous ma plante de pied, le lichen, moulé sur la roche, n’adoucit pas son contact rugueux. Je n’ai pas besoin de le voir pour l’imaginer sec, craquelé mais opiniâtrement vivant dans ce paysage aride. Un vent tiède et sec remonte de la vallée. Il caresse mon visage et adoucit la morsure du soleil sur mes épaules.
Mon corps oscille légèrement d’avant en arrière tandis que je m’offre à cette frontière. Celle qui sépare la grise réalité tangible de la pierre, de l’invisible rêve de cet espace gazeux.

Là, comme posée, je reste dans ce contraste qui n’offre aucun compromis

Invariablement funambule.



Pied nu Pied - A. Constanceau


La variance est une mesure arbitraire servant à caractériser la dispersion et qui peut être interprétée comme un moment d'inertie.
(Wiki extract ... ) 





lundi 16 juillet 2012

Essence


Chaque matin je la croise. Elle.
Elle me suis sur le bitume.
Longue, fine, élégante.
Mon ombre.

La ligne du cou, élancée.
Le battement des cheveux sur la courbe d'une épaule.
Le balancement du bras au rythme de ma cadence.
La lanière du sac se détache de la courbure du dos.
Elle est belle, mon ombre.

Parfois, je voudrais être Elle.
Ethérée comme une évocation.
Une suggestion inconsistante.

Mais si j'étais Elle, à quoi aspirerais-je encore?
Etre l'ombre de mon ombre? Encore plus transparente.
Jusqu'à l'inexistence.
L'inconscience ouatée.
Le confort du vide.

Et si j'avais le choix?
Si j'avais le choix.
Je resterai moi.
Imparfaite mais consistante.
Humaine et existante.

jeudi 7 juin 2012

Gouttes de mots


Les mots comme un couteau
Qui entaillent et qui blessent

Les gouttes comme un fardeau
Qui pèsent et m’agressent

La pluie a sillonnée de mon œil à mon cou
Ou était-ce une larme dont j’ai senti le gout

Dame nature cruelle, à ses heures perdues
Abandonne sans pitié les âmes éperdues

Il est des événements qui ne devraient pas être
Et des répétitions que je ne voudrais pas voir

Il existe des mots que je ne voudrais pas lire
Ce sont souvent les mêmes que je n’aime pas écrire

Lever mon bouclier, mettre ma carapace
Cela n’est pas acceptable devant la vie qui passe

07 juin 2012

jeudi 31 mai 2012

Fées




Merveilleuses petites fées
Ma vie ont pénétrées
Au parfum d’innocence
Aux saveurs d’enfance.

Mutins petits lutins
Mon cœur ont crocheté
Premier baiser soufflé
Dans la paume d’une main

Malicieux Korrigans
Ma patience ont usés
Et j'ai crié tellement
Que leurs yeux ont pleurés

Minuscules farfadets
Mon cœur ont incendié
Un sourire, un éclat de rire
C'est ma vie qui respire

Magnifiques naines
Aux allures de reines
Et leurs mines coquines
De bonheur m'illumine

 


Mes fées ont un parfum de réalité


lundi 21 mai 2012

Pelleteurs de nuages et autres Arc-en-ciélistes




Travailleurs de l’Ombre, en ces jours de printemps. Ce sont eux qui préparent les ciels cotonneux fait d’ombres, de lumières et de larmes mêlées.
C’est alors qu’apparait le fameux coloriste qui de son âme d’artiste va embellir nos cieux. Où part le premier pied ? Choisir la courbure, rarement elliptique sans aucune racine. Les couleurs immuables changent de densité selon l’humeur du jour légères et transparentes ou alors au contraire éclatantes et chantantes.

L’arc-en-ciel est posé, viens mon tour de jouer. 
Quand moi, je l’escalade jusqu’au plus haut sommet, je joue à cache-nuage et déguste sorbets de neige immaculée. La chevauchée ludique doit bientôt s’achever. Je glisse jusqu’au pied de ce toboggan géant. 

L’éclaircie qui s’installe, en cette fin de journée, sonne enfin le repos des magiciens du ciel.


Clin d'œil à Fred Vargas













lundi 7 mai 2012

Bulles





 

Bulles de savon, en un souffle naissantes
En un reflet changeantes
Ephémères et dansantes

Bulles de vie, un ballet en prélude
Entrechocs et études
Etouffent de certitudes

Bulles de rêve, en un mot virtuelles
Utopiques et charnelles
En volutes s'entremêlent

Bulles de verre, en une fournaise ardente
Un trait d'or scintillantes
Fragiles et fascinantes

Bulles d'amitié, de joies éclatantes
Champagne pétillantes
Innombrables ententes

Bulles de réalité, diverses et variées
De désirs et de nécessités
Cohérences tissées

Bulles de tendresse, enfantes
De douceurs indolentes
Ivresses innocentes


Bulles de liberté, finies et infinies
Nébuleuses épanouies
Fleurs de feu et de vie

vendredi 23 mars 2012

Femme-objet .... non-non-non ! Ou alors ....

Je ne te laisserais pas faire de moi une femme objet. 
Une potiche que l'on pose, une cruche dont on dispose. 
Que l'on tourne un peut, cherchant le meilleur angle, 
Exposée en bibelot sur la table du salon, 
Puis qui prends la poussière et finit au placard.

Si potiche je dois être, alors je serais amphore séculaire. 
J'aurais l'anse cassée et le col ébréché. 
Tu ne te lasseras pas de regarder mes courbes. 
Tu sera fasciné par mes brisures passées. 
Tu voudras tout savoir sur le gout du nectar.

Tu poseras tes lèvres sur mon argile douce dont le grain si fin
Ferait paraitre rêche la plus douce des pêches. 
Tu poseras tes lèvres, juste sur la fêlure, 
Pour sentir la fissure, contrastant cette douceur
Tu boira mon nectar pourpre et envoutant

Tu reviendras encore, boire le divin breuvage
Car ce n'est pas l'objet qui fait tourner ta tête
C'est aussi et surtout son entêtant contenant
Puissant et mystérieux de sagesses anciennes.
Habité à jamais des légendes passées.


jeudi 8 mars 2012

Hémo – Hémo – Hémoglobine





Ma chère proie, mon tendron, je te ramène au nid
Afin de satisfaire mon si bel appétit
J’aime te découper et voir le sang gicler,
J’aime te démembrer et t’entendre crier,
Faire cette tête étonnée, prendre un air indigné
Car déjà j’ai osé troubler ton cervelet
Voilà je me repais de ta viande encore tiède
En premier je ripaille du festin des entrailles
Les intestins serpentent dans cet antre gluante
Et voici que j’arrache la rate et la prostate
Je m’attaque à tes doigts comme autant de saucisses
Apéro-dinatoire, Ohlala ! Quel délice !
Reste encore la chair dense des muscles savoureux
Une viande saignante pour ce repas sanglant
Je remonte à la tête prends les joues et le nez
De mon bec acéré, je vais t’énucléer
Et faire claquer tes yeux, c’est un moment gouteux
J’ai enfin fait place nette, ne reste que le squelette
Si j’étais ossiphage je ferai un carnage
Mais je suis carnivore, c’est la viande que j’adore

J’ai l’humour ironique et le rire sarcastique
J’ai la provocation branchée en perfusion.

jeudi 23 février 2012


Quand le souffle n'est plus là, les arbres rabougrissent et leur bois noircissent.
Souffrent leurs branches tordues dans l'aride paysage morne et inquiétant.
Et retentissent en moi les chants de Maldoror.